Le Ministre Jean-Luc Crucke : « Aucun soutien à l’accord Mercosur en l’état actuel »

BRUXELLES – Le Ministre fédéral du Climat, de la Mobilité, de la Transition écologique et en charge du Développement durable, Jean-Luc Crucke (Les Engagés), confirme qu’il ne soutiendra pas l’accord Mercosur tel qu’il est actuellement proposé. Il réagit ainsi à l’article publié la semaine dernière dans Le Vif, et souligne que l’accord proposé ne répond pas aux garanties minimales nécessaires pour assurer une relation commerciale équitable et durable.
« Le commerce international est important, mais il ne peut servir de prétexte à un recul écologique, à du dumping social ou à de nouvelles dépendances stratégiques. L’accord Mercosur, tel qu’il est sur la table aujourd’hui, est inacceptable pour nous », déclare le Ministre Crucke.
Trois critères essentiels pour un commerce équitable
Les Engagés appliquent un cadre clair à l’évaluation des traités commerciaux internationaux : tout accord doit être soumis à trois conditions fondamentales : anti-dumping, ‘juste-échange’ et autonomie stratégique.
Premièrement, l'anti-dumping : un accord commercial ne doit pas perturber les relations concurrentielles. Cela signifie qu'il faut veiller à éviter les pratiques déloyales telles que l'octroi de subventions, d'aides d'État ou d'autres formes d'intervention publique qui favorisent artificiellement les entreprises étrangères. Lorsque de tels avantages sont accordés de manière systématique, cela crée des conditions de concurrence inéquitables qui désavantagent les entreprises belges, qui sont soumises à des règles européennes strictes. Le principe de l'anti-dumping doit donc garantir une concurrence libre, mais aussi loyale.
« Nous ne pouvons pas soutenir un accord qui, même indirectement, affaiblit la résilience économique de notre pays en tolérant des pratiques de dumping », conclut le Ministre.
Deuxièmement, le ‘juste-échange’ : le commerce international ne doit jamais servir de prétexte pour abaisser nos normes sociales, environnementales, sanitaires ou en matière de bien-être animal. Aujourd'hui, en Europe, nous appliquons des normes élevées qui contribuent à la santé publique, à la protection du climat et à des conditions de travail équitables. Les accords commerciaux qui incitent les entreprises à produire ailleurs selon des normes moins strictes sapent ces progrès collectifs. Les accords commerciaux doivent donc prévoir un niveau minimum de protection : une sorte de bouclier social, écologique et sanitaire qui protège nos valeurs et nos normes.
« Sinon, nous risquons de nous retrouver dans une spirale descendante où le plus bas standard gagne. Ce serait économiquement risqué, socialement injuste et écologiquement insoutenable », déclare Jean-Luc Crucke.
Troisièmement, l'autonomie stratégique : l'accord ne doit pas créer de nouvelles dépendances qui compromettent notre sécurité alimentaire, notre approvisionnement énergétique, nos soins de santé ou notre souveraineté numérique. Un accord ne doit donc pas rendre notre pays trop dépendant de partenaires extérieurs dans des domaines stratégiques. Les récentes crises sanitaire, énergétique et géopolitique ont montré à quel point les pays peuvent devenir vulnérables lorsqu'ils dépendent de la production ou de l'approvisionnement étrangers. C'est pourquoi chaque accord commercial doit être évalué au regard du risque de dépendance structurelle dans des secteurs essentiels à notre souveraineté.
« Nous ne pouvons pas, d'un côté, plaider en faveur d'une plus grande autonomie stratégique et, de l'autre, signer des accords qui sapent cette autonomie. Les relations commerciales doivent contribuer au renforcement mutuel, et non à la vulnérabilité. », conclut le ministre Crucke.
L'accord avec le Mercosur ouvrirait le marché européen à des produits qui, souvent, ne répondent pas à nos normes strictes en matière de durabilité, comme la viande bovine ou le soja. Cela mettrait sous pression les agriculteurs belges qui investissent dans la qualité, les solutions climatiques et le bien-être animal.
« En l’état, l'accord crée des conditions de concurrence inégales. Des agriculteurs comme les nôtres, ou des entreprises pionnières qui prennent le climat au sérieux, méritent d'être protégés, et non confrontés à la concurrence de produits qui ne sont pas soumis aux mêmes règles », déclare Jean-Luc Crucke.
Le ministre Crucke appelle à une autre approche de la mondialisation, qui place la durabilité, la justice sociale et la résilience économique au centre. Ce n'est qu'ainsi que les accords commerciaux internationaux pourront réellement apporter une valeur ajoutée pour l'homme et la planète.
Porte-parole francophone : Sylvie Ricour – sylvie.ricour@crucke.fed.be – 0497/23.51.81